mercredi 5 décembre 2007

SCOOTER PRESIDENTIEL

Scooter présidentiel et mini moto de banlieue.


C’est une bonne nouvelle. Franchement. Enfin la justice se montre sourcilleuse en matière d’accidents impliquant des deux-roues. Les magistrats de la X ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris n’ont pas hésité à ordonner un complément d’information afin de vérifier si, oui ou non, le scooter de Jean Sarkozy, fils de Nicolas, avait pu emboutir, en octobre 2005, le pare-choc d’une voiture, place de la Concorde. Montant des dégâts, 260€ !
Un scooter désormais célèbre. Souvenez-vous, c’est le même engin qui, en janvier dernier, avait fait l’objet de recherches ADN après avoir été volé. Déjà les services de police s’étaient montrés d’une célérité rare en la matière.

Je me réjouis donc. Car je ne doute pas qu’à Villiers-le-Bel, la justice déploiera autant de moyens, sinon davantage pour déterminer les circonstances de l’accident dans lequel ont péri deux gamins. Tiens, pourquoi ne ferait-on pas appel à la brigade criminelle ? Elle a montré son savoir–faire lorsqu’elle a été chargée de l’enquête sur la mort de la princesse Diana dans le tunnel de l’Alma. En explorant toutes les pistes, elle a définitivement tordu le cou à la rumeur de l’attentat ou du sabotage.

Les pouvoirs publics n’ont pas hésité à convoquer le RAID, au deuxième soir de l’émeute pour neutraliser, le cas échéant, les tireurs embusqués. Pourquoi la Crim ne ferait-elle pas, elle aussi, le déplacement de Villiers-le-Bel?

J’arrête là le persiflage. Vous, comme moi, savons bien qu’il ne se trouvera aucun magistrat, un peu audacieux, pour solliciter les meilleurs limiers de la police nationale. Quand trois juges n’hésitent pas à se couvrir de ridicule pour complaire à la famille Sarkozy, peut-on encore espérer un peu d’indépendance de la part de cette institution ?

Disons-le, cet avilissement est odieux pour tout républicain. Le fils du monarque emboutit un manant et l’on se précipite. Des gueux se ramassent contre une voiture du Guet et l’on expédie l’affaire. Un peu plus et il fallait se contenter du rapport de l’IGPN. Ces manières d’Ancien régime déshonorent la fonction présidentielle. Les vies de ces gamins de banlieue valaient-elles moins qu’un pare-choc ?

Faut-il être aveugle pour ne pas comprendre qu’à Villiers-le-Bel, plus qu’ailleurs aujourd’hui, la justice se doit d’être exemplaire ? Qu’elle est dans l'obligation d'apporter la preuve irréfutable qu’il s’agit bien d’un accident. Restaurant du même coup son honneur et celui de la police, imposant à tous le respect des institutions. Cette démonstration fera davantage pour la paix civile que mille tonfas de CRS.

Des tracts du ministère de l’intérieur ont été distribués, aujourd’hui, dans les rues de Villiers-le-Bel, afin d’encourager la dénonciation des tireurs. Gesticulation dont tous les policiers chevronnés connaissent l’inefficacité. Mais le président entend montrer ses muscles…

Si l’on veut identifier les tireurs, il faut d’abord les isoler de la population. Et pour briser l’omerta, quel meilleur moyen qu’une justice qui démontre, jour après jour, qu’elle protège les victimes, toutes les victimes. Les blonds comme les bruns. Les fils de président comme les fils d’immigrés.

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