lundi 19 novembre 2007

MARKETING ELECTORAL

Indépendamment des journalistes et sondeurs, tant décriés à chaque échéance électorale, on peut s’interroger sur le biais apporté par la simplification à outrance du discours politique et, notamment, sur le pouvoir grandissant d’un outil de la communication politique : le marketing électoral. L’aveuglement, que peut susciter ce type de stratégie sur les hommes politiques semble avoir atteint son paroxysme depuis une décennie. On ne communique plus, on adapte des techniques de persuasion commerciales à des fins politiques !

Héritées de la 4e république, les accointances entre politique et journalisme trouvent un nouvel essor avec la télévision. Rappelons toutefois qu’un décret de 1964 impose déjà des mesures drastiques au petit écran en période électorale : seuls les spots officiels y sont autorisés. C’est dans ce contexte que la communication politique voit le jour lors de la présidentielle de 1965 et l’on découvre des méthodes offensives déjà usitées aux Etats-Unis. Quelques années plus tard, le temps de parole des candidats en lice est strictement réglementé par le CSA. Enfin, la loi du 15 janvier 1990 vient parfaire cette approche coercitive en limitant les excès de dépenses électorales voire de financements occultes d’entreprises privées.

De par la constante mainmise de l’Etat, la communication politique s’est adaptée en se focalisant sur des stratégies particulières du marketing électoral, telles que la distribution de tracts, l’affichage, les meetings de campagne, les blogs, les sites Internet, les inaugurations et déplacements en province pour serrer le plus de poignées de mains possibles et, par là même, attirer l’attention de la presse écrite ... seule autorisée à relayer l’information dans le détail.

Mais puisque la portée médiatique est éphémère et que le "citoyen-spectateur " est volatile, c’est bien connu ! Les stratèges en communication ont, au fil du temps, réussi à convaincre les hommes politiques de l’absolue nécessité d’un message simplifié, neutre, pour ne pas dire abstrait.

Ainsi, la scénographie électorale se construit - pour l’essentiel - sur les petites phrases, rumeurs et scoop divers, annihilant du même coup toute prospective citoyenne. Plus inquiétant, la « politique-spectacle » s’apparente de plus en plus à un processus normatif dans le paysage politique français. L’épisode électoral ponctuel s’est ainsi transformé en un « show » permanent où le pouvoir exerce une information descendante et ce, quelle que soit sa couleur politique ...

Doit-on alors s’étonner de la désaffection progressive pour la politique ? D’un désintérêt constant des citoyens puisque les enjeux deviennent théâtralisés ? Lorsque la dimension spectaculaire de la rhétorique politique prend le pas sur l’aspect partisan, dans un contexte où la surenchère médiatique donne le ton, n’est-il pas opportun justement d’opérer une distanciation salutaire ?

En confondant image d’éligibilité et devoir de gouvernance, la classe médiatico-politique s’inspire de méthodes propagandistes plutôt que communicationnelles. Reste aux citoyens de trouver les moyens de refuser d’adhérer à cette « déliquescence démocratique » ... ce qui, par ailleurs, empêcherait le nationalisme exacerbé d’en faire l’un de ses thèmes de campagne !

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