jeudi 20 mars 2008

LE VOYAGE EN AVION

Le voyage en avion est presque banal, maintenant. De Nice, on peut partir pour Bangkok, pour San Francisco, pour Pékin ou Abidjan, pour Zanzibar ou pour Tokyo. Louis Marie Julien Viaud, dit Pierre Loti ne fait rêver presque plus personne avec ses amours de Constantinople et ses expéditions vers les temples d'Angkor.
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On voyage en Airbus 320, avec sa femme, ses enfants, son maillot de bain dans le sac de sport que l'on a rangé dans un casier à porte basculante, surplombant les sièges et les hublots.
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L'air que l'on respire est filtré, pressurisé, aseptisé. Des buses réglables projettent un courant d'air frais. Les turbines tournent avec régularité et on finit par ne plus les entendre. On lit, ou plutôt on parcourt les pages des revues, remplies de photographies. Les impatiences des gamins sont calmées par des cahiers de coloriage. Je baisse un peu mon siége, je ferme les yeux, le sommeil, sans prévenir me surprend.
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Je regarde par la vitre du hublot. Elle est là, la banquise, immense et toute petite à la fois, rayée, bouleversée par endroits, étincelante ... Les souvenirs de Jules Verne reviennent dans ma mémoire, les esquimaux et d'Amundsen, du Commandant Charcot peut-être, plus sûrement de Paul Émile Victor. C'est fascinant, la banquise !
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Allant vers Maroc, j'ai vu les dunes du Sahara, courant les unes après les autres, toutes semblables les unes aux autres et pourtant si différentes. Le Sahara, est une merveille de la nature. Le visage de Charles de Foucault, barbichette au menton, coeur sacré sur sa soutane blanche. Les méharées de Bournazel, le miel, la myrrhe et l'encens, la caravane des Rois Mages, l'or de la Reine de Saba marchant à la rencontre de Salomon....
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Le Sahara est jaunâtre, le désert d'Australie est rouge, réellement rouge, et parfois rouge sang. Un volcan surgissait de la mer en un cône parfait, et dont le sommet fumait. Sous le ventre de l’Airbus, le delta du Gange s'étalait comme une feuille dont le limbe aurait séché. Il ne restait que les nervures. Dans le tiroir de ma commode, je garde une feuille de marronnier. Elle m'a été offerte il y a très longtemps, fixée sur une carte pour présenter des voeux. Seul, le réseau de nervures a subsisté. Le delta du Gange est magnifique.
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Le ruban boueux du Mékong est arrogant de beauté. Les sommets, les plateaux et les vallées de la Cordillère des Andes, entre l'Argentine et le Chili, montrent de vastes étendues de neiges immaculées ... Des couches de nuages éblouissants, émergent les avenues éclairées, comme jetées dans un océan de ténèbres, les fleuves de rubis et de diamants allumés par les phares des voitures. Je n’oublierai jamais le survol de Dubaï, les vastes étendues noires des déserts, les hautes flammes rougeoyantes sur les torchères des exploitations pétrolières ... Le tapis d'Ispahan !
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La voix suave de l’hôtesse me réveille en sursaut.
Il faut que j’attache ma ceinture, nous allons atterrir à … Bordeaux.
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Ségurano

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