lundi 3 mars 2008

LA TRAVERSEE DU PAILLON

L'enfant libre a une âme de contrebandier, de braconnier, de maraudeur, de vagabond et de rebelle aussi. Aujourd’hui, l’avancée technologique a brisé leurs rêves. Nous taillons les broussailles et la soi-disant mauvaise herbe. Pire, nous habillons leurs rêves avec un style triste et aseptisé.
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Connaissent- ils les champs, les bois, l’odeur de l’herbe tendre, les ruisseaux et les rigoles quand on dévie le courant ?
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Je me souviens des escalades dans les cerisiers, des redescentes hasardeuses, le pantalon râpé les genoux en sang. De ces escapades au fond du jardin où j'entraînais ma petite sœur, lui promettant que nous allions découvrir un trésor rempli de perles rondes. Le jeudi, nous allions pêcher des poissons tropicaux dans le Paillon et chasser au lance-pierre, des oiseaux multicolores venus des îles lointaines. Mais, nous ramenions que des lézards gris qui faisaient peur aux filles. On faisait germer dans une soucoupe des haricots posés sur du coton.
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Nos tendres bêtises continuaient à l’école avec les hannetons qui s'échappaient des boîtes d'allumettes où ils étaient emprisonnés, moments de désordre et de détente,… Et, leçon interrompue.
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Chaque recoin de la grange cachait une histoire. Pendant que les grandes personnes parlaient au coin du feu, je rêvais des sept boules de cristal et de l’île au trésor. Mon enfance fut entourée de personnages fantastiques.
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Fifine, ma mère, avait travaillé chez tante Valentine, ma marraine, vieille fille et sainte femme. Elle avait appris l'art de la couture et d'innombrables contes qui nous enchantaient. Sountina, ma grand-mère avait vu le loup, étant jeune bergère dans les campagnes toscanes, et elle gardait toujours, à quatre-vingt ans, au coin du feu, les brebis et les abeilles.
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En tricotant une maille à l’endroit, une maille à l’envers, des bouts de laine qui allaient devenir un tricot bien trop grand, elles parlaient du temps d’avant. De l'homme qui était tombé dans l’eau avec son âne en traversant le Paillon. Bruno, mon père, retournant le soir, sur sa Moto Bécane verte dans la lumière du soleil couchant, apportait dans une cagette de bois blanc, des fruits, des légumes et des histoires de la ville.
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Tonton Bastian, de La Trinité Victor, charmeur d'enfants, respecté sans avoir besoin de gronder, fabriquait des bateaux dans l’écorce des pins avec un petit opinel. Le mat était une allumette.
L'enfance espiègle était un paradis.
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Aujourd’hui, regarder briller les yeux des enfants nous montrerait la réelle valeur de leurs rêves, de leurs histoires, de leur mystère et de leur magie...
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Peut être nos petits-enfants continueront nos rêves trop courts et lointains. Ils attraperont aussi des sauterelles, des grillons, des hannetons et des coccinelles du soleil.
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Ségurano

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et bien moi ce billet et la photo me font repenser à toutes les betises que l'on peut faire à 10 ou 15 ans quand les vacances nous laissent en liberté dans de jolis petits coins (de Bretagne par exemple) :)

Anonyme a dit…

Moi aussi j'avais une grand mére originaire de Toscane. Bel article.
Marina